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Figure de la philosophie française du XX e siècle, Gaston Bachelard occupe une place à part. Né en Champagne, à Bar-sur-Aube, il entre dans l’administration des postes après son baccalauréat et y travaille pendant dix
Download Free PDFDownload Free PDFDownload Free PDFPeter SchöttlerHans-jörg RheinbergerPhilippe DespoixJean-Louis FabianiBertrand MüllerMassimo Mastrogregorifrançoise balibarenrico castelli gattinaraThis PaperA short summary of this paper37 Full PDFs related to this paperDownloadPDF PackPeople also downloaded these PDFsPeople also downloaded these free PDFsPeople also downloaded these free PDFsLe concept de civilisation et l'évolution historiographique dans les années 1930by Bertrand MüllerDownload Free PDFView PDFÉpistémologie, Histoire et Histoire Des Sciences Dans Les Années 1930by enrico castelli gattinaraDownload Free PDFView PDFL’intensité de l’événement dans la longue durée du mythe. Le Mythe de croisade d’Alphonse Dupront 1905-1990 et sa contribution au débat sur l’histoire événementielleby Sylvio Hermann De FranceschiDownload Free PDFView PDFPourquoi des historiens en temps de détresse ? 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Voyageà Londres. Par admin cite-bachelard3, publié le mardi 21 juin 2022 08:50 - Mis à jour le vendredi 24 juin 2022 13:37. Les élèves de 4ème en Angleterre du lundi 20 juin au jeudi 23 juin, toutes les photos du voyage sont en ligne. Entreprises LYCEE POLYVALENT GASTON BACHELARD Informations Générales Dénomination LYCEE POLYVALENT GASTON BACHELARD SIREN 191 000 033 SIRET 191 000 033 00016 D-U-N-S Number Obtenir le D-U-N-S TVA intracommunautaire FR62191000033 Code NAF 8531Z Enseignement secondaire général Forme juridique Établissement public local d'enseignement Date de création de l'entreprise 01/05/1965 Date de création siège actuel 01/03/1983 Tranche d'effectif de l'établissement 50 à 99 salariés Présentation de LYCEE POLYVALENT GASTON BACHELARD En détail Son exploitation a débuté il y a 54 ans. L'entreprise LYCEE POLYVALENT GASTON BACHELARD est un établissement d'enseignement secondaire général. Cette entité a installé son siège à Bar Sur Aube 10. Le lieu se trouve à une faible distance du Collège Gaston n° SIRET 191 000 033 00016 est associé au siège de LYCEE POLYVALENT GASTON 319 entités évoluent dans le même secteur d'activité en France. Chiffres clés solvabilité et bilans de LYCEE POLYVALENT GASTON BACHELARD Cette entreprise ne publie pas son bilanou a décidé de le garder confidentiel Entreprises du même secteur dans le département Aube 10 Derniers articles publiés sur notre blogBarsur Aube Collège Julien Régnier –Brienne le Ch. Collège Nicolas Bourbon –Vendeuvre Collège des Roises – Piney Collège Charles Delaunay – Lusigny s/B. Collège Gaston Bachelard – Bar s/A Ecole de Charmont sous Barbuise (secteur de collège d’Arcis et Eurêka)) Lycée G/LP G. Bachelard – IME/ITEP L’Eveil Vendeuvre s/B Virgile GAUTHROT Collège
1Un hymne à l’imagination JEAN-LUCPOULIQUEN jeanlucpouliquen RÉSUMÉ En suivant le parcours de Gaston Bachelard, depuis son enseignement au collège de Bar-sur-Aube jus- qu’à ses cours en Sorbonne, on découvre une constante dans son attitude qui vise à accorder à un public de plus en plus large le droit de rêver en prenant appui sur les arts et la littérature. Mots clésLittérature, arts, pédagogie, critique, philosophie. Gaston Bachelard o El derecho a soñar Un himno a la imaginación RESUMEN Siguiendo la trayectoria de Gaston Bachelard, desde su época de docente en la escuela de Bar-sur-Aube hasta los cursos que impartió en la Universidad de la Sorbonne, descubrimos una constante en su acti- tud, que tiende a otorgar a un público, cada vez más amplio, el derecho a soñar tomando como punto de partida las artes y la literatura. Palabras claveLiteratura, artes, pedagogía, crítica, filosofía. Gaston Bachelard or The right to dream A hymn to imagination ABSTRACT Following Gaston Bachelard’s career from his teaching at the secondary school of Bar-sur-Aube until his lectures at the Sorbonne university, we find act a constant in his attitude which aim to grant to a wider audience the right to dream leaning on the Arts and literature. Key wordsLiterature, arts, pedagogy, critic, philosophy. Le Droit de rêverest le titre d’un livre posthume de Gaston Bachelard, paru en 1970 aux Presses Universitaires de France. Celui-ci contient un ensemble d’études, d’articles, de préfaces que le philosophe a écrits entre 1939 et 1962 et que l’éditeur a organisé en trois parties respectivement intitulées Arts, Littérature, Rêveries. Se dessine à l’arrière plan de ces textes, que l’on peut envisager comme un hymne à l’imagination, la forme qu’a donnée Gaston Bachelard à son engagement auprès des artistes, des écrivains et des poètes, des gens de culture et plus générale- 2ment de tous ceux qui lui semblaient témoigner d’un intérêt pour la création et la vie ardente de l’esprit. À tous, il a accordé le droit de rêver, le droit d’imaginer, le droit d’espérer et donc le droit d’exister. Droit qu’il s’est très tôt octroyé pour mieux pouvoir ensuite le partager. Un tel droit ne relève pas d’un quelconque code civil mais plutôt d’une constitution philosophique qui mobilise des couches profondes de l’être. Il implique ainsi une attitude, un rapport particulier à l’autre. À propos de Paul Eluard, Gaston Bachelard note dans Le Droit de rêver Mettez au cœur de l’homme un germe de bonheur, une seule étincelle d’espérance, aussitôt un feu nouveau, un feu dirigé, un feu rationnel se met à l’œuvre dans sa vie entière1. Le philosophe, qui a connu le poète, a recours à une de ses images dans son Lautréamont pour définir sa méthode. Ainsi écrit-il En fait nous ne pouvons nous comprendre clairement que par une sorte d’induction psychique, en excitant ou en modérant synchroniquement des élans. Je ne puis comprendre une âme qu’en transformant la mienne et il cite alors Paul Eluard, comme on transforme sa main en la mettant dans une autre2. Le terme d’induction que Gaston Bachelard a emprunté au vocabulaire de la physique revient dans Le Droit de rêver lorsqu’il soutien Jean Paulhan dans ses efforts pour renouveler la critique littéraire. Le philosophe l’oppose à la lecture ato- mique et statique. Il remarque que Rares sont les critiques qui essaient un nouveau style en se soumettant à son induction. J’imagine, en effet, que de l’auteur au lecteur devrait jouer une induction verbale qui a bien des caractères de l’induction électromagnétique entre circuits3. Nous voici donc à la racine de la relation qu’il va s’employer à établir avec les hommes et leurs œuvres, qu’elles prennent la forme de livres, de tableaux, de sculp- tures ou plus simplement d’actes élémentaires de la vie quotidienne. D’une série d’émissions de radio, diffusée par France-Culture en 1982, pour le vingtième anniversaire de la mort de Gaston Bachelard, on pouvait retenir ces quelques paroles de son ami graveur Albert Flocon. Celui-ci se souvenait d’un cou- sin fromager, venu de Bourgogne jusqu’à Paris, rendre visite au sage de la place Maubert. Il racontait comment le philosophe, en bon maïeuticien, avait l’art de fai- re parler son interlocuteur sur ce qu’il connaissait le mieux, en l’occurrence de la fabrication des fromages. Et Albert Flocon d’ajouter dans ces entretiens on se sen- 1 Page 172. 2 Lautréamont, Librairie José Corti, Paris, 1939, page 119. 3 Page 181. 3tait toujours intelligent. Il vous l’avait permis en vous ayant posé lui-même une question intelligente. Pas de hiérarchie chez Gaston Bachelard, nous aurons l’occasion d’y revenir. Mais suivons d’abord le fil du temps pour retrouver ce qu’il a pu lui-même induire chez ceux qui l’ont approché. Quelques témoignages ont pu être recueillis auprès de ses anciens élèves du Collège de Bar-sur-Aube4. Ils disent à la fois la rigueur d’un enseignement et son ouverture. On a construit une légende autour de cette journée d’été où Gaston Bachelard emmena sa classe en haut de la Montagne Sainte Germaine pour y faire cours. La fille du philosophe tient à le préciser, l’expérience ne s’est produite qu’une seule fois. Il est certain pas contre qu’en dehors du temps scolaire, il se promenait à pieds dans la campagne environnante, que Suzanne l’accompagnait ainsi que cer- tains de ses élèves. Pierre Malgras a eu l’occasion de le relater Entre nous, on ne parlait pas de classe, il nous parlait de lectures qui nous ouvraient la cervelle. Il nous faisait lire des tas de choses qui à l’époque n’étaient pas connues; il nous a fait découvrir tout le théâtre d’Ibsen, il nous a fait découvrir dès cette époque-là Pirandello. Il nous a expliqué les premiers livres de Freud qui commençaient à être traduits5. Ces échanges sont à situer avant 1930, année où le philosophe partira enseigner à Dijon. Ils nous montrent combien la littérature occupait déjà une place de choix dans sa vie. En consultant les lettres qu’il a adressées à Jean Paulhan6, le directeur de laNouvelle Revue Française —cette publication autour de laquelle se sont retrou- vés les plus grands noms de la littérature française du vingtième siècle— on en a confirmation. En effet dans une correspondance datée de l’année 1937, Gaston Bachelard fait état de son abonnement à la revue depuis 18 ans. De nombreuses pages de la Nouvelle Revue Française ont donc alimenté cette rêverie qu’il a souhaité ensuite induire chez ses élèves du Collège, dont Bernard Prieur, Daniel Giroux et Pierre Malgras, qui en ont gardé mémoire toute leur vie. Il est intéressant de revenir sur le souvenir du dernier cité, concernant une famille bourgeoise de Bar-sur-Aube, qui avait retiré son fils de l’établissement afin qu’il ne fasse pas sa philo avec un professeur d’extraction jugée trop modeste. Le droit de rêver n’entrait pas dans leur conception de la réussite sociale. Des dix années passées à Dijon voici quelques éléments qui vont dans le sens d’une amplification de la pratique de rêverie et de la fréquentation de ceux qui la sti- mulent. En 1982, France-Culture rediffusa aussi des entretiens enregistrés en 1957 entre Gaston Bachelard, Robert Ganzo et François Dagognet. Il y était question de la mai- 4 Témoins de Gaston Bachelard suivi de Gaston Bachelard, travailleur solitaire, Association des Amis de Gaston Bachelard, Bar-sur-Aube, 1985. 5 Pages 33-34. 6 Lire à ce sujet Pages d’histoire et de critique littéraires autour de Gaston Bachelard et Jean Paulhan, Thélème, vol 18, 2003, pp. 91-98. 4son achetée au 69, Quai François Galliot. À ses interlocuteurs le philosophe rappel- le les quelques fêtes qui y furent données l’été avec des amis descendus de Paris. En lisant les mémoires de José Corti7, on apprend par exemple que l’auteur de L’Âme romantique et le rêve, Albert Béguin, était un de ces hôtes de passage. C’est une tra- ce tangible d’un rapport avec la littérature qui passe désormais par l’échange avec les auteurs eux-mêmes. Gaston Bachelard en vient aussi à évoquer son amitié avec le philosophe et romancier bourguignon Gaston Roupnel, à qui il consacra son essai L’Intuition de l’instant8. Il serait faux de dire que son intérêt pour l’art date de sa rencontre avec l’auteur de Siloè. Le témoignage de Daniel Giroux en atteste. Celui-ci après avoir énuméré les auteurs découverts à Bar-sur-Aube grâce à Bachelard Dostoïevski, Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, Edgar Poe, Valéry, Proust ajoute les noms de peintres impressionnistes. C’est lui qui m’a révélé les jeux de lumière de certaines toiles de Renoir, en particulier La Balançoire’, et le jaune de Van Gogh, ’un or butiné sur mille fleurs, élaboré comme un miel solaire’’9explique Daniel Giroux. Il semble pourtant que la rencontre avec Gaston Roupnel a permis à Gaston Bachelard de mesurer plus profondément le rôle que pouvait jouer l’art dans sa vie. L’Intuition de l’instant est explicite à cet égard. ...Mais encore une fois, si l’Art, comme la Raison, est solitude, voici que la Solitude c’est l’Art même. Après la souffrance, nous sommes rendus à la hautaine solitude de notre cœur... alors, notre âme qui a rompu ses chaînes infâmes, rentre dans son temple enseveli» et M. Roupnel continue L’Art est l’écoute de cette voix intérieure. Il nous apporte le murmure enfoui. Il est la voix de la conscience surnaturelle qui siège en nous sur le fonds inaliénable et perpétuel. Il nous ramène dans le site primordial de notre Etre et dans le Lieu immense où nous sommes dans l’Univers entier. Notre parcelle misérable y prend son grade universel...10 confie Gaston Bachelard dans ses pages où l’on peut deviner par quelles épreuves il est passé après la mort de son épouse. L’Art offre à Gaston Bachelard le droit de rêver et par là-même ouvre à sa solitude des chemins d’infini. Autour de la demeure de Dijon, les entretiens radiophonique de 1957 s’attardent pour savoir si elle correspond à la maison onirique, celle qui est décrite dans La Poétique de l’espace11. Le philosophe s’en défend. Il précise qu’il n’y avait pas une vraie cave car on n’y descendait pas par un escalier en colimaçon, que le grenier n’était pas un vrai grenier, car on y trouvait des chambres. Il attire par contre l’at- tention sur la terrasse où il pouvait méditer à l’ombre du tilleul, sur le jardin et ses 7 Souvenirs désordonnés, réédité dans la collection domaine français, éditions 10-18, Paris, 2003. 8 Paru chez Stock en 1932. 9 Témoins de Gaston Bachelard, page 56. Il est intéressant de noter que les mots utilisés pour quali- fier le jaune de Van Gogh sont empruntés à la page 39 du Droit de rêver,dans le texte intitulé Le peintre sol- licité par les éléments. 10 Page 98, de l’édition de 1966, dans la collection Médiations, Gonthier, Paris. 11 Éditée cette même année 1957 aux Presses Universitaires de France. 5cerisiers, si beaux lorsqu’ils sont en fleurs. Il reconnaît que l’endroit était propice à ses rêveries sur le repos. Gaston Bachelard a beaucoup perdu lorsqu’il est venu à Paris, en ce qui concer- ne le cadre naturel que Dijon et la Bourgogne lui offraient pour ses méditations. Quitter Bar-sur-Aube avait déjà été un arrachement. Mais à Paris, il allait pouvoir élargir son audience auprès des étudiants et plus tard auprès de ses lecteurs. Les rap- ports qu’il avait initiés dans la capitale bourguignonne avec les créateurs allaient enfin devenir un élément important de son quotidien et trouver une dimension inégalée jusque-là. Nous disposons, par ses étudiants, de quelques comptes rendus des cours que donna le philosophe en Sorbonne à partir de 1941. Plusieurs d’entre eux sont deve- nus des écrivains ou des poètes. Ces cours, Gaston Bachelard l’a expliqué à la radio, se divisaient en deux parties. À côté de la philosophie des sciences, il bénéficiait selon sa propre expression d’une sphère de libertéqui lui permettait d’aborder des questions de philosophie générale. C’est de ces cours que sont nés des livres com- me L’Eau et les rêves, L’Air et les songes,respectivement paru en 1942 et 1943. Voici comment le poète Georges Jean nous en parle J’avais eu le privilège en 1942 et 1943 de pouvoir suivre à la Sorbonne les leçons que Bachelard donnait alors, passant d’une réflexion épistémologique dense et serrée sur les démarches de la physique mathématique et de la méca- nique quantique au cours de la première heure, à d’étourdissantes variations sur l’imagination de l’air». Nous étions quelques-uns à tenir» tout au long de la première séquence pour avoir une place lorsque la poésie ferait son entrée. Cette expression n’est pas une image, car effectivement, au moment où Bachelard retournait, comme il disait son tablier ainsi que le Maître Jacques de Molière, les poètes arrivaient et c’est à l’occasion d’une interclasse» que nous reçûmes le précieux fascicule d’Eluard Poésie et vérité 42qui contenait Liberté12. La romancière Nadine Lefebure, elle-aussi étudiante à cette période, montre par son témoignage, le rôle joué par le philosophe auprès de toute une jeunesse boule- versée par la deuxième guerre mondiale, lorsqu’elle raconte Pour toute une génération, Bachelard, c’est un temps de respiration. Les débutants que nous sommes suivent même les cours d’agrégation, des agréga- tifs viennent en cours de licence et d’autres encore, écrivains, artistes, bien plus âgés que nous tous, s’y ressourcent en vitalité, en joie, en émerveillement. Il faut s’y prendre tôt pour trouver une place assise, on se bouscule dans l’am- phi bourré, les retardataires restent debout dans la salle. Une malice perpé- tuelle dans les yeux, sa grande barbe noire et blanche, sa chevelure mousseu- se l’auréolant, rayonnant de bonté, marchant en long et en large sur sa chaire, agile, presque sautillant malgré son embonpoint d’un autre siècle. Bachelard impressionne, il passionne, il amuse. Le temps de ses discours, on échappe au triste poids de l’occupation13. 12 Bachelard l’enfance et la pédagogie, Editions du Scarabée, Paris, 1983, pp. 11-12. 13 Témoignage publié dans le Bulletin nº 4 des Amis de Gaston Bachelard, Bar-sur-Aube, 2003. 6Le philosophe accorde désormais son droit de rêver bien au-delà du cadre éducatif. Nadine Lefebure nous le montre, son public est aussi composé de poètes et d’artistes. Si le livre lui-même Le Droit de rêver centre la partie consacrée à la littérature sur des poètes et écrivains célèbres comme Balzac, Edgar Poe, Rimbaud, Mallarmé, Paul Eluard, Jean Paulhan, il n’en est pas de même des autres ouvrages de Gaston Bachelard, fruits d’une pratique de lecture particulièrement large. Il aurait pu certes camper dans les hautes sphères de l’écriture et s’en tenir là. Accueilli dès 1938 dans les pages de la Nouvelle Revue Française, n’est-il pas au même sommaire que Pierre Jean Jouve, Jean-Paul Sartre, Audiberti, Paul Claudel et André Chamson14? Mais une telle attitude était contraire à une philosophie qui va chercher le rêve et l’imagination partout où l’activité humaine en fait preuve. Il faut le dire, une telle option ne pouvait plaire à un milieu littéraire soucieux de garder ses prérogatives. Dans ses Agendas, Jean Follain note que René Char disait ne pas vouloir lire un homme qui citait tellement de mauvais poètes15». C’était ne pas comprendre Gaston Bachelard que de manifester une telle position. D’abord toutes les images des poètes qu’il a retenues pour ses livres ont leur pertinence et leur valeur dans le propos. On pourrait même dire que d’une certaine manière Gaston Bachelard a recours à la technique du collage pour sa propre écriture. Et si tel était le cas, les mauvais poètes’ lui ont permis d’écrire des chef-d’œuvres que l’on lit toujours. Mais il faut chercher ailleurs les raisons de sa démarche. Il s’en explique dans La Poétique de la rêverie.Sans l’aide des poètes»écrit-il que pourrait faire un phi- losophe chargé d’ans qui s’obstine à parler de l’imagination?» et il ajoute plus loin Les poètes abondent, les grands et les petits, les célèbres et les obscurs, ceux qu’on aime et ceux qui éblouissent. Qui vit pour la poésie doit tout lire. Que de fois, d’une simple brochure, a jailli pour moi la lumière d’une image neuve !16. Dans ses entretiens radiophoniques avec Robert Ganzo et François Dagognet, il avait déjà eu l’occasion de le préciser, montrant ces images de poètes inconnus com- me quelque chose qui n’a pas été dit, une variation, une petite délicatesse qui vient vraiment du fond, très simple, de l’âme humaine. De telles paroles ne sont pas sans conséquences. D’abord pour Gaston Bachelard lui-même. C’est dans les années cinquante qu’il faut situer l’intensifica- tion de ses relations avec les poètes. Le peintre Jean Thomas qui lui avait rendu visi- te à cette époque se rappelle que le philosophe lui avait montré une petite pile d’en- viron quinze centimètres de hauteur qui correspondait aux recueils et plaquettes de poésie qu’il venait de recevoir. Et cela se reproduisait presque chaque jour. 14 Numéro du 1eraoût 1938, 26eannée, nº 299. 15 Collection Pour Mémoiredirigée par Claire Paulhan, Seghers, 1983, page 519. 16 La Poétique de la rêverie,Presses Universitaires de France, 1960, page 23. 7L’ami des poètes prenait soin de répondre à chacun des envois. Qui a eu la pos- sibilité de lire quelques unes de ses lettres adressées en retour17verra qu’elles sont une préfiguration des livres que le philosophe a écrit à cette époque. Gaston Bachelard cherche l’image qui résonne en lui profondément. Dans le meilleur des cas, il la retient pour la citer dans un de ses chapitres. Il y a dans ses courriers une telle attention bienveillante que l’on peut imaginer le choc émotionnel qu’il a pro- duit auprès du poète qui en a été le destinataire. C’est la deuxième conséquence de cette amplitude de lecture. Il était un phare pour les poètes qu’il révélait à eux- mêmes» dira Louis Guillaume à la radio, en novembre 1962, un mois après la mort de Gaston bachelard. Le droit de rêver se poursuit. En accueillant toutes les poésies, en citant dans ses livres des poètes inconnus, le philosophe travaille à une sorte de démocratisation de la pratique de création. Il ne la réserve pas à quelques privilégiés. En ce sens il est en avance sur son temps. En 1964, deux poètes, Jean Breton et Serge Brindeau lancèrent un manifeste qui fit quelques bruits dans les milieux littéraires. Il était intitulé Poésie pour vivre —le manifeste de l’homme ordinaire18. Ses auteurs s’en prenaient aux mandarins de la littérature et revendiquaient une poésie accessible à tous. Il n’est pas fortuit que dans la liste qu’ils présentèrent des véritables défenseurs de la poésie, fût inscrit le nom de Gaston Bachelard. En 1968, une secousse plus forte encore secoua en France tout le corps social, initiée par les étudiants. Un de ses mots d’ordre était L’imagination au pouvoir». Nous l’avons déjà évoqué, Gaston Bachelard a aussi célébré celle-ci au travers des arts plastiques19. Le chapitre du Droit de rêver qui les concerne voyage entre les nymphéas de Claude Monet, dans les pages de la Bible illustrée par Marc Chagall. Il tourne autour des sculptures de Henri de Waroquier et d’Edouardo Chillida, fait l’éloge de la main, se concentre sur les gravures d’Albert Flocon, les dessins de Marcoussis, les encres de José Corti ou encore les peintures de Simon Segal. Nous sommes dans la même logique. Il y a tout d’abord une fréquentation du milieu. Suzanne Bachelard se souvient avoir accompagné son père à de nombreux vernissages d’exposition. Il y a ensuite des amitiés. Et puis ce souci constant d’ac- cueil de l’œuvre indépendamment de la notoriété de l’artiste. Gaston Bachelard applique à la critique d’art, le même principe d’induction qu’il a défendu pour la critique littéraire. C’est ainsi qu’il peut tout aussi bien par- ler d’une œuvre clef de l’impressionnisme que d’un dessin d’enfant. Préfaçant un livre de Juliette Boutonnier sur ce sujet20, il va jusqu’à écrire le dessin d’enfant, dans l’évidence de son jaillissement, est le témoignage d’une liberté de dessiner inscrite dans la nature même de la main humaine. 17 Lire en particulier le dossier réalisé pour le Bulletin nº 4 des Amis de Gaston Bachelardconcernant les relations du philosophe avec le poète Louis Guillaume. 18 Publié une première fois à la Table ronde, réédité en 1982 au Cherche-Midi. 19 Lire à ce sujet Bachelard et les arts, Cahiers Gaston Bachelard, nº 5, Université de Bourgogne, 2003. 20 Les Dessins d’enfants, Editions du Scarabée, Paris, 1953. 8L’adulte a abdiqué cette liberté, a renoncé à une gloire de la main. Il a durci lui-même les censures qui ont arrêté cette aptitude native. Les critiques d’art —critiques si abstraitement savantes, si dogmatiques, toujours systématique- ment sévères et moqueuses— empêchent que nous revenions à notre boîte de couleur’. On peut dès lors se demander si nous ne trouverions pas une voie libératrice en essayant, dans ces éclairs de jeunesse qui traversent heureuse- ment l’âge adulte, de faire encore des dessins d’enfant’. Pour rêver et donner à rêver, il ne faut pas être sous le joug d’un dogme. Bachelard critique d’art ne se moque pas mais glorifie. Les jeunes artistes lui en sont reconnaissants qui le sollicitent pour le catalogue de leur exposition. Lors du col- loque qui fut organisé à Cerisy-la-Salle en 1970, autour de l’œuvre du philosophe, Albert Flocon en précisa la raison Les rites veulent que, si on expose à Paris, il faille une préface et un préfacier. Et il ajouta A l’égard des critiques en vogue, j’avais une méfiance idiosyncrasique. Je me disais C’est une prose rituelle, ce n’est pas ce que nous voulons...»21. Ceux qui se sont tournés vers Gaston Bachelard ont rencontré le critique dont les mots collaient au plus près de leur démarche. Bachelard possédait au plus haut point cette vertu si rare, écouter les autres avec bienveillancerappela à ce même colloque Laure Garcin22qui put aussi comp- ter sur le philosophe pour ses expositions parisiennes. On sait bien sûr à quelle même source de pensée se rattachent tous ces textes si généreusement accordés. Laure Garcin en a elle-aussi tracé les contours La création pour lui n’est pas seulement une simple transformation, mais —le mot est de lui— une déconstruction de tous les systèmes établis. L’imagination, dit-il, est un devenir, elle n’a que faire du goût qui n’est que censure»23. Une anecdote relatée par Albert Flocon dans son intervention de Cerisy concer- ne la réaction de Gaston Bachelard lorsqu’il apprit que le livre de gravures qu’il avait préfacé ne serait tiré qu’à 200 exemplaires. Il n’était pas dans les intentions du phi- losophe d’écrire pour un cercle restreint. Il désirait toucher le plus grand nombre. Une expérience dont il est question, à la partie Rêveriesdu Droit de rêver, devait le lui per- mettre. Il s’agit de sa participation à de nombreuses émissions radiophoniques. En 1946, fut confié au poète Jean Tardieu la direction du Club d’essai de la radio. Cette chaîne expérimentale qui exista jusqu’en 1959, peut être considérée comme la préfiguration de l’antenne nationale France-Culture’. Elle fut une pépi- nière de talents qui vivifièrent par la suite le monde des Arts, des Lettres et de la musique. Jean Tardieu l’ a définie comme une île enchantée où affluaient tous les sons, toutes les paroles de la vie et de l’imaginaire24». Gaston Bachelard peut en être considéré comme le philosophe. 21 Colloque de Cerisy, 10/18, 1974, pp. 272-273. 22 Idem, page 279. 23 Idem, page 280. 24 Le Monde Télévision, Dimanche 7 janvier 2001, page 7. 9En 1950, il y donne une conférence sur le thème Rêverie et radio25. C’est alors que s’interrogeant sur cette parole qui se répand à travers le monde, il crée le concept de logosphère. Pour lui, la radio a une fonction d’originalité. Elle ne peut se répé- ter». Il la voit comme un moye
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