Téléchargerle livre ArsÚne Lupin, gentleman cambrioleur - Niveau 2 - Lecture Mise en scÚne - Ebook de Catherine Barnoud-Bedel en Ebook au format ePub fixed layout su
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Fichelivre; ArsÚne Lupin ; la mort qui rÎde. Maurice Leblanc. Editeur : La Compagnie Du Savoir. Date de parution : 31/03/2022. EAN : 9782821101616. 2,99 ⏠Biographie. Maurice Leblanc (1864-1941) est l'auteur de nombreux romans policiers et d'aventures, il est le créateur du célÚbre personnage d'ArsÚne Lupin, le gentleman-cambrioleur. En 1905, Pierre
PrĂ©sentation ArsĂšne Lupin, gentleman-cambrioleur Un paquebot sur lâAtlantique, un vol mystĂ©rieux, des soupçons qui se portent sur tous les passagers⊠tels sont les ingrĂ©dients dâune histoire policiĂšre oĂč le narrateur est maĂźtre dans lâart de la dissimulation. ArsĂšne Lupin est arrĂȘtĂ©, emprisonnĂ© ! Mais quâĂ cela ne tienne, il volera quand mĂȘme et finira par sâĂ©vader, au nez et Ă la barbe de lâinspecteur Ganimard, son plus farouche adversaire. ArsĂšne Lupin fait partie de ces personnages devenus des lĂ©gendes. Dans ces quatre nouvelles, riches en rebondissement, les Ă©lĂšves suivront avec plaisir les aventures du plus cĂ©lĂšbre des cambrioleurs. Les multiples facettes du hĂ©ros de Maurice Leblanc, tour Ă tour gentleman-cambrioleur, prisonnier et enquĂȘteur, permettront aux jeunes lecteurs de dĂ©couvrir avec dĂ©lectation les caractĂ©ristiques du rĂ©cit policier et du roman dâaventures. Niveau 2 recommandĂ© pour les classes de cinquiĂšme et de quatriĂšme. En lien avec cette publication StĂ©phane MaltĂšre fiche complĂšte
\n \n \narsĂšne lupin gentleman cambrioleur fiche de lecture
ArsĂšneLupin - Edition 2022 Vol.1 (æȘçă«ăăłäŒ ăąăăłăă„ăȘăš) est un manga seinen de MORITA Takashi publiĂ© le 12 Mai 2022 par Kurokawa -
Deux ou trois fois par an, Ă lâoccasion de solennitĂ©s importantes, comme les bals de lâambassade dâAutriche ou les soirĂ©es de lady Billingstone, la comtesse de Dreux-Soubise mettait sur ses blanches Ă©paules le Collier de la Reine». CâĂ©tait bien le fameux collier, le collier lĂ©gendaire que Böhmer et Bassenge, joailliers de la couronne, destinaient Ă la Du Barry, que le cardinal de Rohan-Soubise crut offrir Ă Marie-Antoinette, reine de France, et que lâaventuriĂšre Jeanne de Valois, comtesse de la Motte, dĂ©peça un soir de fĂ©vrier 1785, avec lâaide de son mari et de leur complice RĂ©taux de Villette. Pour dire vrai, la monture seule Ă©tait authentique. RĂ©taux de Villette lâavait conservĂ©e, tandis que le sieur de la Motte et sa femme dispersaient aux quatre vents les pierres brutalement desserties, les admirables pierres si soigneusement choisies par Böhmer. Plus tard, en Italie, il la vendit Ă Gaston de Dreux-Soubise, neveu et hĂ©ritier du cardinal, sauvĂ© par lui de la ruine lors de la retentissante banqueroute de Rohan-GuĂ©mĂ©nĂ©e, et qui en souvenir de son oncle, racheta les quelques diamants qui restaient en la possession du bijoutier anglais Jefferys, les complĂ©ta avec dâautres de valeur beaucoup moindre, mais de mĂȘme dimension, et parvint Ă reconstituer le merveilleux collier en esclavage», tel quâil Ă©tait sorti des mains de Böhmer et Bassenge. De ce bijou historique, pendant prĂšs dâun siĂšcle, les Dreux-Soubise sâenorgueillirent. Bien que diverses circonstances eussent notablement diminuĂ© leur fortune, ils aimĂšrent mieux rĂ©duire leur train de maison que dâaliĂ©ner la royale et prĂ©cieuse relique. En particulier le comte actuel y tenait comme on tient Ă la demeure de ses pĂšres. Par prudence, il avait louĂ© un coffre au CrĂ©dit Lyonnais pour lây dĂ©poser. Il allait lây chercher lui-mĂȘme lâaprĂšs-midi du jour oĂč sa femme voulait sâen parer, et lây reportait lui-mĂȘme le lendemain. Ce soir-lĂ , Ă la rĂ©ception du Palais de Castille, la comtesse eut un vĂ©ritable succĂšs, et le roi Christian, en lâhonneur de qui la fĂȘte Ă©tait donnĂ©e, remarqua sa beautĂ© magnifique. Les pierreries ruisselaient autour du cou gracieux. Les mille facettes des diamants brillaient et scintillaient comme des flammes Ă la clartĂ© des lumiĂšres. Nulle autre quâelle, semblait-il, nâeĂ»t pu porter avec tant dâaisance et de noblesse le fardeau dâune telle parure. Ce fut un double triomphe, que le comte de Dreux goĂ»ta profondĂ©ment, et dont il sâapplaudit quand ils furent rentrĂ©s dans la chambre de leur vieil hĂŽtel du faubourg Saint-Germain. Il Ă©tait fier de sa femme, et tout autant peut-ĂȘtre du bijou qui illustrait sa maison depuis quatre gĂ©nĂ©rations. Et sa femme en tirait une vanitĂ© un peu puĂ©rile, mais qui Ă©tait bien la marque de son caractĂšre altier. Non sans regret elle dĂ©tacha le collier de ses Ă©paules et le tendit Ă son mari qui lâexamina avec admiration, comme sâil ne le connaissait point. Puis lâayant remis dans son Ă©crin de cuir rouge aux armes du Cardinal, il passa dans un cabinet voisin, sorte dâalcĂŽve plutĂŽt que lâon avait complĂštement isolĂ©e de la chambre, et dont lâunique entrĂ©e se trouvait au pied de leur lit. Comme les autres fois, il le dissimula sur une planche assez Ă©levĂ©e, parmi des cartons Ă chapeau et des piles de linge. Il referma la porte et se dĂ©vĂȘtit. Au matin, il se leva vers neuf heures, avec lâintention dâaller, avant le dĂ©jeuner, jusquâau CrĂ©dit Lyonnais. Il sâhabilla, but une tasse de cafĂ© et descendit aux Ă©curies. LĂ , il donna des ordres. Un des chevaux lâinquiĂ©tait. Il le fit marcher et trotter devant lui dans la cour. Puis il retourna prĂšs de sa femme. Elle nâavait point quittĂ© la chambre et se coiffait, aidĂ©e de sa bonne. Elle lui dit âVous sortez! âOui⊠pour cette course⊠âAh! en effet⊠câest plus prudent⊠Il pĂ©nĂ©tra dans le cabinet. Mais, au bout de quelques secondes, il demanda, sans le moindre Ă©tonnement dâailleurs âVous lâavez pris, chĂšre amie? Elle rĂ©pliqua âComment? mais non, je nâai rien pris. âVous lâavez dĂ©rangĂ©. âPas du tout⊠je nâai mĂȘme pas ouvert cette porte. Il apparut, dĂ©composĂ©, et il balbutia, la voix Ă peine intelligible âVous nâavez pas?⊠Ce nâest pas vous?⊠Alors⊠Elle accourut, et ils cherchĂšrent fiĂ©vreusement, jetant les cartons Ă terre et dĂ©molissant les piles de linge. Et le comte rĂ©pĂ©tait âInutile⊠tout ce que nous faisons est inutile⊠Câest ici, lĂ , sur cette planche, que je lâai mis. âVous avez pu vous tromper. âCâest ici, lĂ , sur cette planche, et pas sur une autre. Ils allumĂšrent une bougie, car la piĂšce Ă©tait assez obscure, et ils enlevĂšrent tout le linge et tous les objets qui lâencombraient. Et quand il nây eut plus rien dans le cabinet, ils durent sâavouer avec dĂ©sespoir que le fameux collier, le Collier en esclavage de la Reine», avait disparu. De nature rĂ©solue, la comtesse, sans perdre de temps en vaines lamentations, fit prĂ©venir le commissaire, M. Valorbe, dont ils avaient eu dĂ©jĂ lâoccasion dâapprĂ©cier lâesprit sagace et la clairvoyance. On le mit au courant par le dĂ©tail, et tout de suite il demanda âĂtes-vous sĂ»r, Monsieur le comte, que personne nâa pu traverser la nuit votre chambre. âAbsolument sĂ»r. Jâai le sommeil trĂšs lĂ©ger. Mieux encore la porte de cette chambre Ă©tait fermĂ©e au verrou. Jâai dĂ» le tirer ce matin quand ma femme a sonnĂ© la bonne. âEt il nâexiste pas dâautre passage qui permette de sâintroduire dans le cabinet? âAucun. âPas de fenĂȘtre? âSi, mais elle est condamnĂ©e. âJe dĂ©sirerais mâen rendre compte⊠On alluma des bougies, et aussitĂŽt M. Valorbe fit remarquer que la fenĂȘtre nâĂ©tait condamnĂ©e quâĂ mi-hauteur, par un bahut, lequel en outre ne touchait pas exactement aux croisĂ©es. âIl y touche suffisamment, rĂ©pliqua M. de Dreux, pour quâil soit impossible de le dĂ©placer sans faire beaucoup de bruit. âEt sur quoi donne cette fenĂȘtre? âSur une courette intĂ©rieure. âEt vous avez encore un Ă©tage au-dessus de celui-lĂ ? âDeux, mais au niveau de celui des domestiques, la courette est protĂ©gĂ©e par une grille Ă petites mailles. Câest pourquoi nous avons si peu de jour. Dâailleurs, quand on eut Ă©cartĂ© le bahut, on constata que la fenĂȘtre Ă©tait close, ce qui nâaurait pas Ă©tĂ© si quelquâun avait pĂ©nĂ©trĂ© du dehors. âĂ moins, observa le comte, que ce quelquâun ne soit sorti par notre chambre. âAuquel cas, vous nâauriez pas trouvĂ© le verrou de cette chambre poussĂ©. Le commissaire rĂ©flĂ©chit un instant, puis se tournant vers la comtesse âSavait-on dans votre entourage, Madame, que vous deviez porter ce collier hier soir? âCertes, je ne mâen suis pas cachĂ©e. Mais personne ne savait que nous lâenfermions dans ce cabinet. âPersonne? âPersonne⊠à moins que⊠âJe vous en prie, Madame, prĂ©cisez. Câest lĂ un point des plus importants. Elle dit Ă son mari âJe songeais Ă Henriette. âHenriette? Elle ignore ce dĂ©tail comme les autres. âEn es-tu certain? âQuelle est cette dame? interrogea M. Valorbe. âUne amie de couvent, qui sâest fĂąchĂ©e avec sa famille pour Ă©pouser une sorte dâouvrier. Ă la mort de son mari, je lâai recueillie avec son fils, et leur ai meublĂ© un appartement dans cet hĂŽtel. Et elle ajouta avec embarras âElle me rend quelques services. Elle est trĂšs adroite de ses mains. âĂ quel Ă©tage habite-t-elle? âAu nĂŽtre, pas loin du reste⊠à lâextrĂ©mitĂ© de ce couloir⊠Et mĂȘme, jây pense⊠la fenĂȘtre de sa cuisine⊠âOuvre sur cette courette, nâest-ce pas? âOui, juste en face de la nĂŽtre. Un lĂ©ger silence suivit cette dĂ©claration. Puis M. Valorbe demanda quâon le conduisĂźt auprĂšs dâHenriette. Ils la trouvĂšrent en train de coudre, tandis que son fils Raoul, un bambin de six Ă sept ans, lisait Ă ses cĂŽtĂ©s. Assez Ă©tonnĂ© de voir le misĂ©rable appartement quâon avait meublĂ© pour elle, et qui se composait au total dâune piĂšce sans cheminĂ©e et dâun rĂ©duit servant de cuisine, le commissaire la questionna. Elle parut bouleversĂ©e en apprenant le vol commis. La veille au soir, elle avait elle-mĂȘme habillĂ© la comtesse et fixĂ© le collier autour de son cou. âSeigneur Dieu! sâĂ©cria-t-elle, qui mâaurait jamais dit? âEt vous nâavez aucune idĂ©e? pas le moindre doute? Il est possible cependant que le coupable ait passĂ© par votre chambre. Elle rit de bon coeur, sans mĂȘme imaginer quâon pouvait lâeffleurer dâun soupçon âMais je ne lâai pas quittĂ©e, ma chambre! je ne sors jamais, moi. Et puis, vous nâavez donc pas vu? Elle ouvrit la fenĂȘtre du rĂ©duit. âTenez, il y a bien trois mĂštres jusquâau rebord opposĂ©. âQui vous a dit que nous envisagions lâhypothĂšse dâun vol effectuĂ© par lĂ ? âMais⊠le collier nâĂ©tait-il pas dans le cabinet? âComment le savez-vous? âDame! jâai toujours su quâon lây mettait la nuit⊠on en a parlĂ© devant moi⊠Sa figure, encore jeune, mais que les chagrins avaient flĂ©trie, marquait une grande douceur et de la rĂ©signation. Cependant elle eut soudain, dans le silence, une expression dâangoisse, comme si un danger lâeĂ»t menacĂ©e. Elle attira son fils contre elle. Lâenfant lui prit la main et lâembrassa tendrement. âJe ne suppose pas, dit M. de Dreux au commissaire, quand ils furent seuls, je ne suppose pas que vous la soupçonniez? Je rĂ©ponds dâelle. Câest lâhonnĂȘtetĂ© mĂȘme. âOh! je suis tout Ă fait de votre avis, affirma M. Valorbe. Câest tout au plus si jâavais pensĂ© Ă une complicitĂ© inconsciente. Mais je reconnais que cette explication doit ĂȘtre abandonnĂ©e⊠dâautant quâelle ne rĂ©sout nullement le problĂšme auquel nous nous heurtons. Le commissaire ne poussa pas plus avant cette enquĂȘte, que le juge dâinstruction reprit et complĂ©ta les jours suivants. On interrogea les domestiques, on vĂ©rifia lâĂ©tat du verrou, on fit des expĂ©riences sur la fermeture et sur lâouverture de la fenĂȘtre du cabinet, on explora la courette de haut en bas⊠Tout fut inutile. Le verrou Ă©tait intact. La fenĂȘtre ne pouvait sâouvrir ni se fermer du dehors. Plus spĂ©cialement, les recherches visĂšrent Henriette, car, malgrĂ© tout, on en revenait toujours de ce cĂŽtĂ©. On fouilla sa vie minutieusement, et il fut constatĂ© que, depuis trois ans, elle nâĂ©tait sortie que quatre fois de lâhĂŽtel, et les quatre fois pour des courses que lâon put dĂ©terminer. En rĂ©alitĂ©, elle servait de femme de chambre et de couturiĂšre Ă Madame de Dreux, qui se montrait Ă son Ă©gard dâune rigueur dont tous les domestiques tĂ©moignĂšrent en confidence. âDâailleurs, disait le juge dâinstruction, qui, au bout dâune semaine, aboutit aux mĂȘmes conclusions que le commissaire, en admettant que nous connaissions le coupable, et nous nâen sommes pas lĂ , nous nâen saurions pas davantage sur la maniĂšre dont le vol a Ă©tĂ© commis. Nous sommes barrĂ©s Ă droite et Ă gauche par deux obstacles une porte et une fenĂȘtre fermĂ©es. Le mystĂšre est double! Comment a-t-on pu sâintroduire, et comment, ce qui Ă©tait beaucoup plus difficile, a-t-on pu sâĂ©chapper en laissant derriĂšre soi une porte close au verrou et une fenĂȘtre fermĂ©e? Au bout de quatre mois dâinvestigations, lâidĂ©e secrĂšte du juge Ă©tait celle-ci M. et Mme de Dreux, pressĂ©s par des besoins dâargent, qui, de fait, Ă©taient considĂ©rables, avaient vendu le Collier de la Reine. Il classa lâaffaire. Le vol du prĂ©cieux bijou porta aux Dreux-Soubise un coup dont ils gardĂšrent longtemps la marque. Leur crĂ©dit nâĂ©tant plus soutenu par la sorte de rĂ©serve que constituait un tel trĂ©sor, ils se trouvĂšrent en face de crĂ©anciers plus exigeants et de prĂȘteurs moins favorables. Ils durent couper dans le vif, aliĂ©ner, hypothĂ©quer. Bref, câeĂ»t Ă©tĂ© la ruine si deux gros hĂ©ritages de parents Ă©loignĂ©s ne les avaient sauvĂ©s. Ils souffrirent aussi dans leur orgueil, comme sâils avaient perdu un quartier de noblesse. Et, chose bizarre, ce fut Ă son ancienne amie de pension que la comtesse sâen prit. Elle ressentait contre elle une vĂ©ritable rancune et lâaccusait ouvertement. On la relĂ©gua dâabord Ă lâĂ©tage des domestiques, puis on la congĂ©dia du jour au lendemain. Et la vie coula, sans Ă©vĂ©nements notables. Ils voyagĂšrent beaucoup. Un seul fait doit ĂȘtre relevĂ© au cours de cette Ă©poque. Quelques mois aprĂšs le dĂ©part dâHenriette, la comtesse reçut dâelle une lettre qui la remplit dâĂ©tonnement Madame, Je ne sais comment vous remercier. Car câest bien vous, nâest-ce pas, qui mâavez envoyĂ© cela? Ce ne peut ĂȘtre que vous. Personne autre ne connaĂźt ma retraite au fond de ce petit village. Si je me trompe, excusez-moi, et retenez du moins lâexpression de ma reconnaissance pour vos bontĂ©s passĂ©es⊠» Que voulait-elle dire? Les bontĂ©s prĂ©sentes ou passĂ©es de la comtesse envers elle se rĂ©duisaient Ă beaucoup dâinjustices. Que signifiaient ces remerciements? SommĂ©e de sâexpliquer, elle rĂ©pondit quâelle avait reçu par la poste, en un pli non recommandĂ© ni chargĂ©, deux billets de mille francs. Lâenveloppe, quâelle joignait Ă sa rĂ©ponse, Ă©tait timbrĂ©e de Paris et ne portait que son adresse, tracĂ©e dâune Ă©criture visiblement dĂ©guisĂ©e. DâoĂč provenaient ces deux mille francs? Qui les avait envoyĂ©s? La justice sâinforma. Mais quelle piste pouvait-on suivre parmi ces tĂ©nĂšbres? Et le mĂȘme fait se reproduisit douze mois aprĂšs. Et une troisiĂšme fois; et une quatriĂšme fois; et chaque annĂ©e pendant six ans, avec cette diffĂ©rence que la cinquiĂšme et la sixiĂšme annĂ©e, la somme doubla, ce qui permit Ă Henriette, tombĂ©e subitement malade, de se soigner comme il convenait. Autre diffĂ©rence lâadministration de la poste ayant saisi une des lettres sous prĂ©texte quâelle nâĂ©tait point chargĂ©e, les deux derniĂšres lettres furent envoyĂ©es selon le rĂšglement, la premiĂšre datĂ©e de Saint-Germain, lâautre de Suresnes. LâexpĂ©diteur signa dâabord Anquety, puis PĂ©chard. Les adresses quâil donna Ă©taient fausses. Au bout de six ans, Henriette mourut. LâĂ©nigme demeura entiĂšre. Tous ces Ă©vĂ©nements sont connus du public. Lâaffaire fut de celles qui passionnĂšrent lâopinion, et câest un destin Ă©trange que celui de ce collier, qui, aprĂšs avoir bouleversĂ© la France Ă la fin du dix-huitiĂšme siĂšcle, souleva encore tant dâĂ©motion un siĂšcle plus tard. Mais ce que je vais dire est ignorĂ© de tous, sauf des principaux intĂ©ressĂ©s et de quelques personnes auxquelles le comte demanda le secret absolu. Comme il est probable quâun jour ou lâautre elles manqueront Ă leur promesse, je nâai, moi, aucun scrupule Ă dĂ©chirer le voile et lâon aura ainsi, en mĂȘme temps que la clef de lâĂ©nigme, lâexplication de la lettre publiĂ©e par les journaux dâavant-hier matin, lettre extraordinaire qui ajoutait encore, si câest possible, un peu dâombre et de mystĂšre aux obscuritĂ©s de ce drame. Il y a cinq jours de cela. Au nombre des invitĂ©s qui dĂ©jeunaient chez M. de Dreux-Soubise, se trouvaient ses deux niĂšces et sa cousine, et, comme hommes, le prĂ©sident dâEssaville, le dĂ©putĂ© Bochas, le chevalier Floriani que le comte avait connu en Sicile, et le gĂ©nĂ©ral marquis de RouziĂšres, un vieux camarade de cercle. AprĂšs le repas, ces dames servirent le cafĂ©, et les messieurs eurent lâautorisation dâune cigarette, Ă condition de ne point dĂ©serter le salon. On causa. Lâune des jeunes filles sâamusa Ă faire les cartes et Ă dire la bonne aventure. Puis on en vint Ă parler de crimes cĂ©lĂšbres. Et câest Ă ce propos que M. de RouziĂšres, qui ne manquait jamais lâoccasion de taquiner le comte, rappela lâaventure du collier, sujet de conversation que M. de Dreux avait en horreur. AussitĂŽt chacun donna son avis. Chacun recommença lâinstruction Ă sa maniĂšre. Et, bien entendu, toutes les hypothĂšses se contredisaient, toutes Ă©galement inadmissibles. âEt vous, Monsieur, demanda la comtesse au chevalier Floriani, quelle est votre opinion? âOh! moi, je nâai pas dâopinion, Madame. On se rĂ©cria. PrĂ©cisĂ©ment le chevalier venait de raconter trĂšs brillamment diverses aventures auxquelles il avait Ă©tĂ© mĂȘlĂ© avec son pĂšre, magistrat Ă Palerme, et oĂč sâĂ©taient affirmĂ©s son jugement et son goĂ»t pour ces questions. âJâavoue, dit-il, quâil mâest arrivĂ© de rĂ©ussir alors que de plus habiles avaient renoncĂ©. Mais de lĂ Ă me considĂ©rer comme un Sherlock Holmes⊠Et puis, câest Ă peine si je sais de quoi il sâagit. On se tourna vers le maĂźtre de la maison. Ă contre-coeur, il dut rĂ©sumer les faits. Le chevalier Ă©couta, rĂ©flĂ©chit, posa quelques interrogations, et murmura âCâest drĂŽle⊠à premiĂšre vue il ne me semble pas que la chose soit si difficile Ă deviner. Le comte haussa les Ă©paules. Mais les autres personnes sâempressĂšrent autour du chevalier, et il reprit dâun ton un peu dogmatique âEn gĂ©nĂ©ral, pour remonter Ă lâauteur dâun crime ou dâun vol, il faut dĂ©terminer comment ce crime ou ce vol ont Ă©tĂ© commis, ou du moins ont pu ĂȘtre commis. Dans le cas actuel, rien de plus simple selon moi, car nous nous trouvons en face, non pas de plusieurs hypothĂšses, mais dâune certitude, dâune certitude unique, rigoureuse, et qui sâĂ©nonce ainsi lâindividu ne pouvait entrer que par la porte de la chambre ou par la fenĂȘtre du cabinet. Or, on nâouvre pas, de lâextĂ©rieur, une porte verrouillĂ©e. Donc il est entrĂ© par la fenĂȘtre. âElle Ă©tait fermĂ©e et on lâa retrouvĂ©e fermĂ©e, dĂ©clara nettement M. de Dreux. âPour cela, continua Floriani sans relever lâinterruption, il nâa eu besoin que dâĂ©tablir un pont, planche ou Ă©chelle, entre le balcon de la cuisine et le rebord de la fenĂȘtre, et dĂšs que lâĂ©crin⊠âMais je vous rĂ©pĂšte que la fenĂȘtre Ă©tait fermĂ©e! sâĂ©cria le comte avec impatience. Cette fois Floriani dut rĂ©pondre. Il le fit avec la plus grande tranquillitĂ©, en homme quâune objection aussi insignifiante ne trouble point. âJe veux croire quâelle lâĂ©tait, mais nây a-t-il pas un vasistas? âComment le savez-vous? âDâabord câest presque une rĂšgle dans les hĂŽtels de cette Ă©poque. Et ensuite il faut bien quâil en soit ainsi, puisque, autrement, le vol est inexplicable. âEn effet, il y en a un, mais il Ă©tait clos, comme la fenĂȘtre. On nây a mĂȘme pas fait attention. âCâest un tort. Car si on y avait fait attention, on aurait vu Ă©videmment quâil avait Ă©tĂ© ouvert. âEt comment? âJe suppose que, pareil Ă tous les autres, il sâouvre au moyen dâun fil de fer tressĂ©, muni dâun anneau Ă son extrĂ©mitĂ© infĂ©rieure? âOui. âEt cet anneau pendait entre la croisĂ©e et le bahut? âOui, mais je ne comprends pas⊠âVoici. Par une fente pratiquĂ©e dans le carreau, on a pu, Ă lâaide dâun instrument quelconque, mettons une baguette de fer pourvue dâun crochet, agripper lâanneau, peser et ouvrir. Le comte ricana âParfait! parfait! vous arrangez tout cela avec une aisance! seulement vous oubliez une chose, cher Monsieur, câest quâil nây a pas eu de fente pratiquĂ©e dans le carreau. âIl y a eu une fente. âAllons donc! on lâaurait vue. âPour voir il faut regarder, et lâon nâa pas regardĂ©. La fente existe, il est matĂ©riellement impossible quâelle nâexiste pas, le long du carreau, contre le mastic⊠dans le sens vertical, bien entendu⊠Le comte se leva. Il paraissait trĂšs surexcitĂ©. Il arpenta deux ou trois fois le salon dâun pas nerveux, et, sâapprochant de Floriani âRien nâa changĂ© lĂ -haut depuis ce jour⊠personne nâa mis les pieds dans ce cabinet. âEn ce cas, Monsieur, il vous est loisible de vous assurer que mon explication concorde avec la rĂ©alitĂ©. âElle ne concorde avec aucun des faits que la justice a constatĂ©s. Vous nâavez rien vu, vous ne savez rien, et vous allez Ă lâencontre de tout ce que nous avons vu et de tout ce que nous savons. Floriani ne sembla point remarquer lâirritation du comte, et il dit en souriant âMon Dieu, Monsieur, je tĂąche de voir clair, voilĂ tout. Si je me trompe, prouvez-moi mon erreur. âSans plus tarder⊠Jâavoue quâĂ la longue votre assurance⊠M. de Dreux mĂąchonna encore quelques paroles, puis, soudain, se dirigea vers la porte et sortit. Pas un mot ne fut prononcĂ©. On attendait anxieusement, comme si, vraiment, une parcelle de la vĂ©ritĂ© allait apparaĂźtre. Et le silence avait une gravitĂ© extrĂȘme. Enfin, le comte apparut dans lâembrasure de la porte. Il Ă©tait pĂąle et singuliĂšrement agitĂ©. Il dit Ă ses amis dâune voix tremblante âJe vous demande pardon⊠les rĂ©vĂ©lations de Monsieur sont si imprĂ©vues⊠je nâaurais jamais pensé⊠Sa femme lâinterrogea avidement âParle⊠je tâen supplie⊠quây a-t-il? Il balbutia âLa fente existe⊠à lâendroit mĂȘme indiqué⊠le long du carreau⊠Il saisit brusquement le bras du chevalier et lui dit dâun ton impĂ©rieux âEt maintenant, Monsieur, poursuivez⊠je reconnais que vous avez raison jusquâici, mais maintenant⊠Ce nâest pas fini⊠rĂ©pondez⊠que sâest-il passĂ© selon vous? Floriani se dĂ©gagea doucement et aprĂšs un instant prononça âEh bien, selon moi, voilĂ ce qui sâest passĂ©. Lâindividu, sachant que Mme de Dreux allait au bal avec le collier, a jetĂ© sa passerelle pendant votre absence. Au travers de la fenĂȘtre il vous a surveillĂ© et vous a vu cacher le bijou. DĂšs que vous ĂȘtes parti, il a coupĂ© la vitre et a tirĂ© lâanneau. âSoit, mais la distance est trop grande pour quâil ait pu, par le vasistas, atteindre la poignĂ©e de la fenĂȘtre. âSâil nâa pu lâouvrir, câest quâil est entrĂ© par le vasistas lui-mĂȘme. âImpossible; il nây a pas dâhomme assez mince pour sâintroduire par lĂ . âAlors ce nâest pas un homme. âComment! âCertes. Si le passage est trop Ă©troit pour un homme, il faut bien que ce soit un enfant. âUn enfant! âNe mâavez-vous pas dit que votre amie Henriette avait un fils! âEn effet⊠un fils qui sâappelait Raoul. âIl est infiniment probable que câest ce Raoul qui a commis le vol. âQuelle preuve en avez-vous? âQuelle preuve!⊠il nâen manque pas de preuves⊠Ainsi par exemple⊠Il se tut et rĂ©flĂ©chit quelques secondes. Puis il reprit âAinsi, par exemple, cette passerelle, il nâest pas Ă croire que lâenfant lâait apportĂ©e du dehors et remportĂ©e sans que lâon sâen soit aperçu. Il a dĂ» employer ce qui Ă©tait Ă sa disposition. Dans le rĂ©duit oĂč Henriette faisait sa cuisine, il y avait, nâest-ce pas, des tablettes accrochĂ©es au mur oĂč lâon posait les casseroles? âDeux tablettes, autant que je mâen souvienne. âIl faudrait sâassurer si ces planches sont rĂ©ellement fixĂ©es aux tasseaux de bois qui les supportent. Dans le cas contraire nous serions autorisĂ©s Ă penser que lâenfant les a dĂ©clouĂ©es, puis attachĂ©es lâune Ă lâautre. Peut-ĂȘtre aussi, puisquâil y avait un fourneau, trouverait-on le crochet Ă fourneau dont il a dĂ» se servir pour ouvrir le vasistas. Sans mot dire le comte sortit, et cette fois les assistants ne ressentirent mĂȘme point la petite anxiĂ©tĂ© de lâinconnu quâils avaient Ă©prouvĂ©e la premiĂšre fois. Ils savaient, ils savaient de façon absolue, que les prĂ©visions de Floriani Ă©taient justes. Il Ă©manait de cet homme une impression de certitude si rigoureuse quâon lâĂ©coutait non point comme sâil dĂ©duisait des faits les uns des autres, mais comme sâil racontait des Ă©vĂ©nements dont il Ă©tait facile de vĂ©rifier au fur et Ă mesure lâauthenticitĂ©. Et personne ne sâĂ©tonna lorsquâĂ son retour le comte dĂ©clara âCâest bien lâenfant, câest bien lui, tout lâatteste. âVous avez vu les planches⊠le crochet? âJâai vu⊠les planches ont Ă©tĂ© dĂ©clouĂ©es⊠le crochet est encore lĂ . Mais Mme de Dreux-Soubise sâĂ©cria âCâest lui⊠Vous voulez dire plutĂŽt que câest sa mĂšre. Henriette est la seule coupable. Elle aura obligĂ© son fils⊠âNon, affirma le chevalier, la mĂšre nây est pour rien. âAllons donc! ils habitaient la mĂȘme chambre, lâenfant nâaurait pu agir Ă lâinsu dâHenriette. âIls habitaient la mĂȘme chambre, mais tout sâest passĂ© dans la piĂšce voisine, la nuit, tandis que la mĂšre dormait. âEt le collier? fit le comte, on lâaurait trouvĂ© dans les affaires de lâenfant. âPardon! il sortait, lui. Le matin mĂȘme oĂč vous lâavez surpris devant sa table de travail, il venait de lâĂ©cole, et peut-ĂȘtre la justice, au lieu dâĂ©puiser ses ressources contre la mĂšre innocente, aurait-elle Ă©tĂ© mieux inspirĂ©e en perquisitionnant lĂ -bas, dans le pupitre de lâenfant, parmi ses livres de classe. âSoit, mais ces deux mille francs quâHenriette recevait chaque annĂ©e, nâest-ce pas le meilleur signe de sa complicitĂ©? âComplice, vous eĂ»t-elle remerciĂ©s de cet argent? Et puis, ne la surveillait-on pas? Tandis que lâenfant est libre, lui, il a toute facilitĂ© pour courir jusquâĂ la ville voisine, pour sâaboucher avec un revendeur quelconque et lui cĂ©der Ă vil prix un diamant, deux diamants, selon le cas⊠sous la seule condition que lâenvoi dâargent sera effectuĂ© de Paris, moyennant quoi on recommencera lâannĂ©e suivante. Un malaise indĂ©finissable oppressait les Dreux-Soubise et leurs invitĂ©s. Vraiment il y avait dans le ton, dans lâattitude de Floriani, autre chose que cette certitude qui, dĂšs le dĂ©but, avait si fort agacĂ© le comte. Il y avait comme de lâironie, et une ironie qui semblait plutĂŽt hostile que sympathique et amicale ainsi quâil eĂ»t convenu. Le comte affecta de rire. âTout cela est dâun ingĂ©nieux qui me ravit, mes compliments. Quelle imagination brillante! âMais non, mais non, sâĂ©cria Floriani avec plus de gravitĂ©, je nâimagine pas, jâĂ©voque des circonstances qui furent inĂ©vitablement telles que je les montre. âQuâen savez-vous? âCe que vous-mĂȘme mâen avez dit. Je me reprĂ©sente la vie de la mĂšre et de lâenfant, lĂ -bas, au fond de la province, la mĂšre qui tombe malade, les ruses et les inventions du petit pour vendre les pierreries et sauver sa mĂšre ou tout au moins adoucir ses derniers moments. Le mal lâemporte. Elle meurt. Des annĂ©es passent. Lâenfant grandit, devient un homme. Et alorsâet pour cette fois, je veux bien admettre que mon imagination se donne libre coursâsupposons que cet homme Ă©prouve le besoin de revenir dans les lieux oĂč il a vĂ©cu son enfance, quâil les revoie, quâil retrouve ceux qui ont soupçonnĂ©, accusĂ© sa mĂšre⊠pensez-vous Ă lâintĂ©rĂȘt poignant dâune telle entrevue dans la vieille maison oĂč se sont dĂ©roulĂ©es les pĂ©ripĂ©ties du drame? Ses paroles retentirent quelques secondes dans le silence inquiet, et sur le visage de M. et Mme de Dreux, se lisait un effort Ă©perdu pour comprendre, en mĂȘme temps que la peur, que lâangoisse de comprendre. Le comte murmura âQui ĂȘtes-vous donc, Monsieur? âMoi? mais le chevalier Floriani que vous avez rencontrĂ© Ă Palerme, et que vous avez Ă©tĂ© assez bon de convier chez vous dĂ©jĂ plusieurs fois. âAlors que signifie cette histoire? âOh! mais rien du tout! Câest un simple jeu de ma part. Jâessaie de me figurer la joie que le fils dâHenriette, sâil existe encore, aurait Ă vous dire quâil fut le seul coupable, et quâil le fut parce que sa mĂšre Ă©tait malheureuse, sur le point de perdre la place de⊠domestique dont elle vivait, et parce que lâenfant souffrait de voir sa mĂšre malheureuse. Il sâexprimait avec une Ă©motion contenue, Ă demi levĂ© et penchĂ© vers la comtesse. Aucun doute ne pouvait subsister. Le chevalier Floriani nâĂ©tait autre que le fils dâHenriette. Tout, dans son attitude, dans ses paroles, le proclamait. Dâailleurs nâĂ©tait-ce point son intention Ă©vidente, sa volontĂ© mĂȘme dâĂȘtre reconnu comme tel? Le comte hĂ©sita. Quelle conduite allait-il tenir envers lâaudacieux personnage? Sonner? Provoquer un scandale? DĂ©masquer celui qui lâavait dĂ©pouillĂ© jadis? Mais il y avait si longtemps! Et qui voudrait admettre cette histoire absurde dâenfant coupable? Non, il valait mieux accepter la situation, en affectant de nâen point saisir le vĂ©ritable sens. Et le comte, sâapprochant de Floriani, sâĂ©cria avec enjouement âTrĂšs amusant, trĂšs curieux, votre roman. Je vous jure quâil me passionne. Mais, suivant vous, quâest-il devenu ce bon jeune homme, ce modĂšle des fils? JâespĂšre quâil ne sâest pas arrĂȘtĂ© en si beau chemin. âOh! certes, non. âNâest-ce pas! AprĂšs un tel dĂ©but! Prendre le Collier de la Reine Ă six ans, le cĂ©lĂšbre collier que convoitait Marie-Antoinette! âEt le prendre, observa Floriani, se prĂȘtant au jeu du comte, le prendre sans quâil lui en coĂ»te le moindre dĂ©sagrĂ©ment, sans que personne ait lâidĂ©e dâexaminer lâĂ©tat des carreaux ou sâavise que le rebord de la fenĂȘtre est trop propre, ce rebord quâil avait essuyĂ© pour effacer les traces de son passage sur lâĂ©paisse poussiĂšre⊠Avouez quâil y avait de quoi tourner la tĂȘte dâun gamin de son Ăąge. Câest donc si facile? Il nây a donc quâĂ vouloir et Ă tendre la main?⊠Ma foi, il voulut⊠âEt il tendit la main. âLes deux mains, reprit le chevalier en riant. Il y eut un frisson. Quel mystĂšre cachait la vie de ce soi-disant Floriani? Combien extraordinaire devait ĂȘtre lâexistence de cet aventurier, voleur gĂ©nial Ă six ans, et qui, aujourdâhui, par un raffinement de dilettante en quĂȘte dâĂ©motion, ou tout au plus pour satisfaire un sentiment de rancune, venait braver sa victime chez elle, audacieusement, follement, et cependant avec toute la correction dâun galant homme en visite! Il se leva et sâapprocha de la comtesse pour prendre congĂ©. Elle rĂ©prima un mouvement de recul. Il sourit. âOh! Madame, vous avez peur! aurais-je donc poussĂ© trop loin ma petite comĂ©die de sorcier de salon! Elle se domina et rĂ©pondit avec la mĂȘme dĂ©sinvolture un peu railleuse âNullement, Monsieur. La lĂ©gende de ce bon fils mâa au contraire fort intĂ©ressĂ©e, et je suis heureuse que mon collier ait Ă©tĂ© lâoccasion dâune destinĂ©e aussi brillante. Mais ne croyez-vous pas que le fils de cette⊠femme, de cette Henriette, obĂ©issait surtout Ă sa vocation? Il tressaillit, sentant la pointe, et rĂ©pliqua âJâen suis persuadĂ©, et il fallait mĂȘme que cette vocation fĂ»t sĂ©rieuse pour que lâenfant ne se rebutĂąt point. âEt comment cela? âMais oui, vous le savez, la plupart des pierres Ă©taient fausses. Il nây avait de vrais que les quelques diamants rachetĂ©s au bijoutier anglais, les autres ayant Ă©tĂ© vendus un Ă un selon les dures nĂ©cessitĂ©s de la vie. âCâĂ©tait toujours le Collier de la Reine, Monsieur, dit la comtesse avec hauteur, et voilĂ , me semble-t-il, ce que le fils dâHenriette ne pouvait comprendre. âIl a dĂ» comprendre, Madame, que, faux ou vrai, le collier Ă©tait avant tout un objet de parade, une enseigne. M. de Dreux fit un geste. Sa femme aussitĂŽt le prĂ©vint. âMonsieur, dit-elle, si lâhomme auquel vous faites allusion a la moindre pudeur⊠Elle sâinterrompit, intimidĂ©e par le calme regard de Floriani. Il rĂ©pĂ©ta âSi cet homme a la moindre pudeur⊠Elle sentit quâelle ne gagnerait rien Ă lui parler de la sorte, et malgrĂ© elle, malgrĂ© sa colĂšre et son indignation, toute frĂ©missante dâorgueil humiliĂ©, elle lui dit presque poliment âMonsieur, la lĂ©gende veut que RĂ©taux de Villette, quand il eut le Collier de la Reine entre les mains et quâil en eut fait sauter tous les diamants avec Jeanne de Valois, nâait point osĂ© toucher Ă la monture. Il comprit que les diamants nâĂ©taient que lâornement, que lâaccessoire, mais que la monture Ă©tait lâoeuvre essentielle, la crĂ©ation mĂȘme de lâartiste, et il la respecta. Pensez-vous que cet homme ait compris Ă©galement? âJe ne doute pas que la monture existe. Lâenfant lâa respectĂ©e. âEh bien, Monsieur, sâil vous arrive de le rencontrer, vous lui direz quâil garde injustement une de ces reliques qui sont la propriĂ©tĂ© et la gloire de certaines familles, et quâil a pu en arracher les pierres sans que le Collier de la Reine cessĂąt dâappartenir Ă la maison de Dreux-Soubise. Il nous appartient comme notre nom, comme notre honneur. Le chevalier rĂ©pondit simplement âJe le lui dirai, Madame. Il sâinclina devant elle, salua le comte, salua les uns aprĂšs les autres tous les assistants et sortit. Quatre jours aprĂšs, Mme de Dreux trouvait sur la table de sa chambre un Ă©crin de cuir rouge aux armes du Cardinal. Elle ouvrit. CâĂ©tait le Collier en esclavage de la Reine. Mais comme toutes choses doivent, dans la vie dâun homme soucieux dâunitĂ© et de logique, concourir au mĂȘme butâet quâun peu de rĂ©clame nâest jamais nuisibleâle lendemain lâĂcho de France publiait ces lignes sensationnelles Le Collier de la Reine, le cĂ©lĂšbre bijou historique dĂ©robĂ© autrefois Ă la famille de Dreux-Soubise, a Ă©tĂ© retrouvĂ© par ArsĂšne Lupin. ArsĂšne Lupin sâest empressĂ© de le rendre Ă ses lĂ©gitimes propriĂ©taires. On ne peut quâapplaudir Ă cette attention dĂ©licate et chevaleresque.»
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